CINEMA DO
MAR : TITRE PAR TITRE
CONCERTO
DE ARANJUEZ (ADAGIO) – JOAQUIN RODRIGO 2’13
On dit souvent à Carlos qu'il joue de sa cornemuse comme d'un
violon ou d'une guitare électrique. Une vieille Gitane, après
un concert dans la maison de Federico García Lorca avec des musiciens
de flamenco, lui a même dit qu'il jouait de la gaita comme un
Gitan… Il y a un peu de tout ça dans cette version du concerto
d'Aranjuez : Carlos nous invite à écouter la gaita comme
nous ne l'avons jamais entendue et nous fait redécouvrir cette
mélodie qui est peut-être la plus universelle de toute
la musique espagnole. Elle est aussi galicienne jouée à
la gaita qu'andalouse à la guitare. Ecoutons-la d'une oreille
neuve, oublions les versions les plus kitsch de cette mélodie
qui dépasse le monde du cinéma, où elle a souvent
été utilisée, mais aussi celui de la musique classique
où elle est née.
Carlos et son groupe l'ont jouée lors de leur récente
tournée aux Etats-Unis avec les légendaires Chieftains
dont elle est devenue la préférée. Les spectateurs
qui la découvraient disaient que c'était la plus belle
mélodie pour cornemuse qu'ils aient jamais entendue et ceux qui
la connaissaient déjà disaient que c'en était la
plus jolie version. La plus connue là-bas étant la version
de Miles Davis, ce n'est pas un mince compliment !
BOLERO –
MAURICE RAVEL 2’49
Si l'adagio du Concerto d'Aranjuez est la mélodie espagnole la
plus universelle, le Boléro en est l'équivalent français.
En Espagne, il évoque immédiatement le monde du cinéma
et le passage à la démocratie, avec les premiers films
"calientes" après quarante ans de censure franquiste,
qui ont utilisé le côté érotique du Boléro
dans leurs bandes sonores.
Oublions là encore les idées préconçues
et nous nous apercevrons que c'est, entre les mains d'un grand interprète,
l'une des mélodies les plus belles, les plus spectaculaires et
les plus originales jamais composées.
Carlos la joue à la gaita depuis des années. Après
ses débuts en soliste à 13 ans avec l'orchestre du Festival
Interceltique de Lorient, il cherchait des morceaux inexistants pour
gaita et orchestre. Le Boléro correspondant parfaitement à
la tonalité en Do et à la gamme de la gaita, il s'est
mis à le jouer pour lui-même mais il s'est aperçu
que les gens qui l'entendaient par hasard l'aimaient beaucoup. Il s'est
finalement décidé à enregistrer cette version qui
développe l'idée originelle de Ravel par rapport aux sons
obsédants des machines que les programmations de Xurxo Núñez
apportent ici
.LE PARRAIN
– NINO ROTA 3’29
L'Italie est un pays que Carlos adore et il y joue souvent. Sa musique
traditionnelle ressemble un peu à celle de la Galice, la tarantella
est, par exemple, proche de la muiñeira galicienne. La musique
celtique a parfois un côté méditerranéen
et, s'il y a bien une musique celte du soleil, c'est celle de la Galice,
terre atlantique certes, mais aussi méditerranéenne :
les fougères, les ajoncs, les hortensias et les camélias
y côtoient les vignes, les orangers et les oliviers…
La vielle à roue, jouée de main de maître par Pancho
Alvarez, entraîne ce morceau dans l'univers sonore galicien. Ce
sont des sonorités liées au renouveau de la musique galicienne
après le franquisme, oubliées dans l'explosion celtique
des années 90, celles qu'a choisies Amenábar pour son
film quand il faisait le "casting d'instruments" avec Carlos,
qui a eu l'idée de les utiliser alors pour son propre projet.
TITULOS
FINALES (MAR ADENTRO) - ALEJANDRO AMENÁBAR 5’07
Carlos parle de l'intuition surprenante d'Alejandro Amenábar
quand il a composé la bande originale de Mar Adentro avec des
sonorités celtiques. On découvre ici le choix final des
instruments fait par Carlos et très attentivement suivi par Alejandro
qui a même voulu essayer lui-même les voix d'instruments
aussi "exotiques" que la uilleann pipe (cornemuse) irlandaise
ou la zanfona (vielle à roue) galicienne.
A la fin de Mar Adentro, Titulos Finales nous laisse un sentiment de
nostalgie. En la définissant comme « la musique
celtique qui sonne à Hollywood", Carlos avait peut-être
deviné l'Oscar à venir… C'est en tout cas une belle
musique en elle-même, qui a beaucoup de succès en concert,
une grande ouverture pour gaita et orchestre symphonique
!PRELUDE
A LA SUITE POUR VIOLONCELLE N°1 – J.S. BACH 2’49
Le monde des bandes sonores est plein de musiques minimales, intéressantes
souvent, parfois très belles. Le regretté Derek Bell,
harpiste des Chieftains dont la disparition nous laisse un si grand
vide, disait avec un peu d'ironie : "Personne n'a écrit
de musique répétitive comme Johann Sebastian Bach".
Ce Prélude, l'une des œuvres de Bach les plus connues et
les plus actuelles, a évidemment été utilisé
par le cinéma, les Suites ayant même inspiré une
série de six films.
Bach n'aurait sûrement jamais imaginé que ses œuvres
seraient jouées à la cornemuse. Il existe pourtant une
Partita pour flûte qui ressemble beaucoup à ce prélude,
la difficulté pour les flûtistes étant qu'il n'y
a aucune pause leur permettant de respirer. Ce serait donc un morceau
idéal pour la gaita.
Carlos a récemment joué le Prélude à Leipzig,
à l'église St Petr, dont Bach a été le maître
de chapelle et où il jouait de l'orgue. L'accueil du public a
été exceptionnel pour ce morceau, sans doute le "highlight"
de la tournée allemande.
Carlos le joue comme une alborada, ancienne mélodie galicienne
qui permettait au sonneur des variations montrant sa virtuosité.
Quelques-unes, comme celle qui a donné naissance à Aires
de Pontevedra, rappellent de façon surprenante cette œuvre
de Bach, notamment dans leurs préludes improvisés.YOU'RE
SO COOL – HANS ZIMMER 2’29
Un exemple de ces mélodies "de ida y vuelta" (aller
retour) : cette composition de Hans Zimmer très connue et très
utilisée, notamment dans la bande sonore du film True Romance.
"A mi-chemin entre Enya et le calypso", elle ressemble beaucoup
aux villancicos, les chants de Noël galiciens qui sont encore joués
en Amérique Latine, métissés avec leurs accents
rythmiques, sous le nom de "gaitas" qui ne laisse aucun doute
quant à leur origine.
MISSION – ENNIO MORRICONE 3’02
Un autre compositeur légendaire de musique de films : Ennio Morricone.
Carlos a eu la chance de le connaître personnellement grâce
à leur amie commune, la grande chanteuse portugaise Dulce Pontes.
Alejandro Amenábar a suggéré à Carlos d'enregistrer
The Mission, en l'amenant du monde orchestral à son propre monde,
plus celtique, ethnique et percutant. C'est une mélodie en relation
avec l'adolescence de Carlos (toutes les filles voulaient qu'il la leur
joue à la flûte !) ainsi qu'avec un sujet qui le passionne,
les missionnaires espagnols qui ont apporté leur musique baroque
et populaire en Amérique où elle s'est mêlée
aux musiques locales puis aux rythmes des esclaves africains, avant
de revenir en Europe enrichie de nouvelles couleurs.
WOMEN OF IRELAND – SEÁN Ó RIADA 2’28
Les Chieftains ont une longue relation avec le cinéma et ont
même obtenu un Oscar pour Barry Lyndon grâce à Women
of Ireland. C'est l'une des ballades les plus connues de la musique
celtique que Carlos joue dans le monde entier en hommage à ses
amis et maîtres. Ce morceau, très inspiré de la
tradition irlandaise, a été composé par Seán
Ó Riada qui a cru à la qualité de la musique traditionnelle
à un moment où elle était fort méprisée.
Dans cet enregistrement réalisé au National Concert Hall
de Dublin et au Palau de la Musica à Barcelone, le groupe de
Carlos est accompagné par le grand guitariste flamenco Juan Manuel
Cañizares.
TRISTAN ET ISEULT – PADDY MOLONEY 3’23
Paddy Moloney, leader des Chieftains, est aussi un compositeur de talent
qui a participé à des dizaines de musiques de films. Carlos
a joué ses œuvres avec les Chieftains et des orchestres
du monde entier.
Il a sélectionné l'une de ses mélodies favorites,
celle de Tristan et Iseult, sûrement la plus grande histoire d'amour
que la Matière de Bretagne ait donnée au monde. Paddy
l'a composée pour sa femme, Rita, et on l'entend dans le film
dont Richard Burton est l'un des acteurs principaux. Carlos a enregistré
ce morceau avec les Chieftains et The National Youth Pipe Band of Scotland
chez lui, à Vigo.WEEP NOT FOR THE MEMORIES / A WEEK IN JANUARY
– SEAMUS EGAN 4’09
Au cours de sa récente tournée en Allemagne, Carlos a
rencontré Seamus Egan, le compositeur de ce beau morceau, et
son groupe d'Irish-Americans, Solas, avec qui il a passé un mois
"on the road". Carlos l'a enregistré avec eux dans
l'une des plus belles salles où ils se sont produits, le Musikhalle
de Hamburg. Seamus l'a composé quand il était tout jeune
et sa charmante simplicité lui a valu d'être incorporé
à la bande originale du film "Brothers McMullen" qui
est, tout comme la musique, une bonne illustration de la fusion des
styles irlandais et américain.
EL VIAJE (MAR ADENTRO, MEDLEY) – ALEJANDRO AMENÁBAR
5’58
Le groupe de Carlos est ici rejoint par le prestigieux London Session
Orchestra pour une sélection inédite des morceaux principaux
composés par le réalisateur. Carlos se souvient que les
mélodies d'Alejandro prenaient de plus en plus de force avec
chaque instrument ajouté pendant le processus d'enregistrement.
Il a fait appel, en plus de son propre groupe, à des "pandereteiras",
chanteuses traditionnelles du village de Ramón Sampedro, ce Galicien
dont l'histoire a inspiré le film. C'est le style sauvage et
ancestral de la côte nord de la Galice "a costa da morte",
celle qui a le plus souffert de la marée noire provoquée
par le naufrage du Prestige.
Alejandro dit que Carlos et ses musiciens ont réussi à
faire que le voyage montré aux spectateurs soit aussi un voyage
en Galice. Carlos a donné à Ramón Sampedro la voix
d'une cornemuse, d'une multitude de cornemuses, et a contribué
à ce que son plaidoyer, qui était un chant à la
mort, soit aussi un chant à la vie, à la "buena vida"
.THE
SAILOR'S HORNPIPE (POPEYE) – TRAD. ECOSSAIS 2’11
On trouve de nombreuses mélodies traditionnelles irlandaises
et écossaises dans le cinéma hollywoodien qui a contribué
à universaliser l'imaginaire de la musique celtique, ne serait-ce
que par les pipe bands écossais qu'on a vus dans tant de films.
Certaines sont devenues des standards dans le monde entier comme Garryowen,
Scotland The Brave ou celle-ci, The Sailor's Hornpipe. C'est une vieille
mélodie associée à la mer et connue sous d'autres
titres, mais particulièrement grâce à Popeye. Reprise
par les vrais musiciens traditionnels que sont Carlos et le groupe irlandais
Altan, elle retrouve toute sa saveur de "great traditional music".
Carlos et Altan sont accompagnés par Seamus Fay. A plus de 70
ans, il est l'un des "lilters" les plus réputés
d'Irlande - les lilters sont ces chanteurs dont la voix imite les instruments
à la perfection. On croirait entendre chanter Popeye lui-même !